Neuf nâthas, quatre-vingt-quatre siddhas



Selon la tradition Bengalie, il y a quatre Nâthas principaux, Matsyendra au Nord, Goraksha à l'Ouest, Jâlandhara à l'Est et Kânhapâ, c'est-à-dire Chaurangî  au Sud.

La tradition répertorie aussi neuf Nâthas et quatre-vingt-quatre Siddhas.

Les neuf Nâthas sont Âdi-nâth ou Omkarnâth, Udaya-nâth (Pârvatî), Satyanâth (Brahmâ), Santosh-nâth (Vishnu), Achalnâth ou Nâganâth (Shesha), Gajabelinâth (Ganesha), Matsyendranâth, Gorakshanâth et Jâlandharanâth. Selon une autre tradition, aux premiers siddhas Matsyendra et Goraksha succèdent Jâlandharnâth, Chauranginâth, Kaniphanâth, Revalnâth, Charpatinâth, Bhartriharinâth, et Gopîchandnâth, ce qui forme neuf Nâthas. Mais il y a des variantes dans les listes, ce qui indique qu'il ne s'agit pas d'une liste historique, mais d'un nombre symbolique.

Quant aux Siddhas, on s'en remémore principalement quatre-vingt-quatre, ce qui correspond aussi à un chiffre sacré. 





Nâtha
A Bharmaur (du sanscrit Brahmapura) dans le district de Chamba, Himachal Pradesh, il y a un ensemble de temples du VIIe siècle appelé Chaurasi (quatre-vingt-quatre en Hindi). La légende veut que quatre-vingt-quatre yogis se rassemblèrent là et bénirent le roi Sahir Varman pour son hospitalité. On y trouve quatre-vingt-quatre sanctuaires, chacun dédié à l'un des Siddhas, près du temple de la déesse Lakshanâ, datant du VIIe siècle, et disposés en galaxie autour du temple de Shiva Mani-mahesh, du IXe-Xe siècle.



Plusieurs traditions ont été transmises sur les Siddhas. L'une d'elle se fonde sur Chatura-shiti-siddha-pravritti, "les vies des quatre-vingt-quatre Siddhas", un texte du XIe-XIIe siècle compilé par Abhayadatta Shrî au Nord de l'Inde, appuyé sur une tradition qui avait cours à Champa au Bihar. Ce texte ne nous est parvenu que par des traductions tibétaines, aux noms sanscrits très déformés. La plus importante des autres est la liste de quatre-vingt-quatre  Siddhas hindous du Varnana-ratna-âkâra, "Trésor des joyaux de descriptions", qui a pour auteur Kavi-shekharâchârya, un poète de Mithilâ du début du XIVe siècle; elle rejoint les listes du Sâkshya-vihâra (XIe s.), de Mâdhavâchâya dans son Sarva-darshana-samgraha (XIIIe s.), de Gaurana dans son Nava-nâtha-charitra (XIVe s.),  de Vâgbhatta dans son Rasa-samuccaya (XIVe-XVe s.), d'Âtmarâma dans sa Hatha-pradîpikâ (XVIe s.), et de Shrînivâsa dans sa Hatha-ratnâvali (XVIIe s.).